Je viens de découvrir fortuitement la présence de daturas au Potager Associatif de Freneuse (PAF) et j’ai immédiatement procédé à leur destruction après avoir fait le tour des 13 parcelles : en tout 16 plantes près du compost mais aussi au milieu des cultures potagères. Ce n’est pas la première fois qu’on trouve des daturas sauvages dans le Mantois, mais le fait d’en trouver dans des potagers interpelle car cette plante est très dangereuse bien qu’encore trop méconnue.
Originaire du Mexique, le datura aime les climats chauds et les terres légères, mais avec le dérèglement climatique, il a colonisé toute la France. Avec ses belles clochettes blanches ou rosées, c’est une belle plante décorative vendue en jardinerie. A l’instar de l’ambroisie qui affectionne particulièrement le micro climat de la Boucle de Moisson, le datura risque fort de devenir un vrai problème de santé publique si l’on n’y prend garde et si l’on n’informe pas la population.
Herbe au diable, trompette de la mort, herbe au fou…les surnoms très évocateurs de cette plante ne laissent aucun doute sur sa dangerosité. Toutes les parties du datura sont toxiques car elles contiennent des alcaloïdes, atropine, scopolamine, hyoscyamine, qui la rendent potentiellement létales. X. Reboud, dans le cadre d’une étude commanditée par l’ANSES a qualifié le datura d’amanite phalloïde des plantes
. C’est aussi un puissant hallucinogène parfois utilisé dans le culte du vaudou. Par contre, à faible dose, elle possède des vertus médicinales contre la douleur ou les troubles digestifs.
Le contact avec la peau des feuilles et surtout de la sève provoque de fortes réactions. Yann, jardinier paysagiste en a fait l’expérience l’an passé dans une propriété à Moisson où elle est arrivée en colonisatrice : malgré le port de gants et des manches longues, il a ressenti de vraies brûlures au poignet en les arrachant.
On peut retrouver le datura dans les cultures d’été de plein champ, tournesols, maïs… mais de plus en plus dans les jardins, les trottoirs, les bordures de clôture, comme l’ambroisie. Et le danger au potager c’est de la confondre avec la tétragone comme c’est arrivé malheureusement à une famille du Grand Est en 2020. Le danger est encore plus grand pour les enfants qui peuvent être attirés par ses belles fleurs mais aussi par ses fruits en forme de boules épineuses intrigantes.
En conséquence, il faut apprendre à reconnaître cette plante, prendre soin de ne pas y toucher avec les mains, la détruire avant que les graines ne se répandent, ne pas la mettre au compost. Bref, être vigilant.
Ambroisie, frelons asiatiques, chenilles processionnaires, perruches à collier, et maintenant datura. La Boucle de Moisson devient un véritable laboratoire des espèces invasives liées au changement climatique.